Grâce au réseau professionnel de l’un de leurs professeurs, Douglas Level, les étudiants en BTS, filière commerce, de l’IES Business School de Rouen, enchaînent les conférences de haut niveau.
Mardi 26 mars 2024, les étudiants en 1re année Management Commercial Opérationnel (MCO) ont eu droit à une véritable masterclass signée Nicolas Le Cauchois.
Le jeune quinquagénaire, originaire de Rouen et toujours fidèle à la capitale de la Normandie, s’est fait un nom dans l’univers de la mode ou plutôt de la très haute couture.
S’il n’a pas décroché un poste de directeur artistique dans une très grande maison comme Dior, Christian Lacroix, Saint-Laurent ou Gucci lorsqu’il était au sommet de son art au début des années 2000, Nicolas Le Cauchois a côtoyé les plus grands et il continue de créer des vêtements. A son compte et en free-lance.
Pendant deux heures, en toute transparence, avec une énergie communicative, Nicolas Le Cauchois a évoqué ses succès (nombreux), ses galères dont la mise en redressement judiciaire de son entreprise qui employait alors vingt-deux salariés. ” Nous aurions pu déposer le bilan avec ma femme mais nous avons décidé d’accompagner chacun de nos salariés en finançant les licenciements et les formations. C’est une question de principes, de valeurs.”
Dix ans après ce coup de massue professionnel, Nicolas Le Cauchois poursuit sa route. En solo. Mais toujours avec la même passion et l’envie d’imaginer de belles choses. Le jeune adolescent qui crayonnait des vêtements sur un cahier chez ses parents épiciers et qui avait osé écrire à Christian Lacroix a toujours l’oeil qui brille. Sa rencontre, en tête à tête, avec Christian Lacroix, dans son bureau du 73 Faubourg Saint-Honoré, est gravé dans sa mémoire. Il en parle comme si c’était hier.
Quelques heures avant de rencontrer les étudiants de l’IES, Nicolas Le Cauchois échangeait par SMS avec le célèbre couturier. ” Quand il m’a reçu, j’étais trop jeune pour intégrer son équipe mais il m’a dit qu’il serait toujours là pour moi, qu’il serait mon parrain”. Et il l’est toujours.
C’est à la fois une leçon de management et de vie que Nicolas Le Cauchois a offert aux BTS MCO de l’IES.
Le recrutement
” Je n’ai jamais recruté un collaborateur sur la base d’un CV. J’ai besoin de voir, d’observer un collaborateur sur son lieu de travail. Il faut toujours s’entourer de gens compétents techniquement dans leur domaine.”
Le rôle des parents
” Ils m’ont toujours soutenu. Ce sont des gens modestes mais ils étaient prêts à m’aider financièrement pour que je fasse les études que je voulais. Mais ils ne connaissaient rien à l’univers de la mode. Ils ne m’ont pas empêché d’écrire à Christian Lacroix et ils m’ont permis d’aller à Paris pour le rencontrer car lui était en capacité de donner un avis d’expert sur mes dessins”.
Le salariat
” Un employeur a le droit d’avoir des exigences. Je binôme employeur/employé est un couple. Le couple fonctionnera bien si et seulement si il y a du dialogue entre eux”, estime Nicolas Le Cauchois qui a une opinion bien tranchée sur “le bien-être”, “la qualité de vie” au travail. Et de citer Karl Marx : ” Le travail est un acte de désespoir”.
La jeunesse
” Je suis clairement un type fini dans mon métier. Plus personne ne me confiera la direction artistique d’une grande maison de couture qui fait 300 millions d’euros de chiffres d’affaires. Je suis passé de peu à côté de maisons prestigieuses comme Givenchy “, confie Nicolas Le Cauchois qui parvient à s’épanouir dans son rôle de DA free-lance pour différentes entreprises de textile. Mais ” s’il y a un âge où vous pouvez prendre un risque, c’est bien maintenant “, a-t-il lancé aux étudiants. ” Soyez davantage acteur de votre avenir que spectateur “. Lui-même père d’un lycéen qui cherche sa voie, il a pris le temps de s’intéresser à chacun des étudiants.
En gardant la juste distance, il a su faire passer un message clair : si vous ne vous épanouissez dans l’entreprise dans laquelle vous êtes en alternance, donnez-vous les moyens de trouver une autre entreprise. Et ce n’est pas une question de moyens financiers ou de réseau. ” J’avais tous les boulets aux pieds pour ne pas réussir dans ce métier quand j’avais votre âge”.
La phase culte de Nicolas Le Cauchois
De sa première rencontre avec Christian Lacroix alors qu’il n’avait que 15 ans, Nicolas Le Cauchois a retenu une phrase que le couturier a lui-même empruntée à Jean Cocteau : ” Ce qu’on te reproche, cultive-le, c’est toi”.
